vendredi 15 juin 2007

J'ai joué du piano ...

Tu savais sans doute : tu m'avais dit : quand tu trouveras quelque chose , note-le .
Dans les tiroirs , il y a des trucs mal écrits dans les années 80 : j'ai eu une maison au bout d'un champ , que j'avais nommée Maldoror et puis , on a du la vendre . Finalement , c'est peut-être moins bien écrit , plus naïf que ce que j'écrivais à huit ans .

" Il fallait que je t'écrive ce soir ,
il y a quelque chose qui dérive sous la pluie .

Relu tout Agatha Christie
et tout bas, pour qu'on ne m'entende pas ,
murmuré des malédictions , comme des trucs d'enfance
mal vécue .

Ca fait des gouttes bleues , des musiques de saxophone
qui jouerait tout seul au fond d'un jardin en septembre .

Sur la maison , pancarte " à vendre " .
Si tu voyais ça !
Je mords dans le même trognon de pomme
en écoutant Sheller .

La porte est ouverte comme après un viol .
Ils doivent penser que je suis folle ...
J'ai tout emporté ,
les objets rouillés
les vieux fers à cheval
Ils ne sauront jamais ...
Je laissais vivre les araignées
du soir et les taupes dans l'allée
Si tu passais par là ,
tu comprendrais pourquoi
je l'avais appelée Maldoror
Ils ont allumé la lumière
il y a des gestes qu'on ne fait pas
comme ça
j'ai gravé mes initiales
dans la brique et je les ai maudits
ces gens qui vont , qui viennent
et ne savent pas leur rôle
sur cette scène qui n'est pas faite pour eux .
Je t'écris ça
petite fille
que j'imagine
le visage contre un carreau gris
de pluie
à regarder sombrer les champs
un samedi
fin d'après-midi .
Une coccinelle s'est posée
sur mon cahier
je l'ai prise sur ma main
et je lui ai confié le destin de ces pierres .
Tu liras ça dans dix ou quinze ans
( Cette maison était pour toi
un peu maudite
comme les joyaux des princes )
pour que tu te grises
comme moi de cette nostalgie
vénéneuse .

un 3 Octobre ...

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