page 3 de je ne sais plus quelle confession, mon amour ...

" ...mais personne n'aurait ouvert une fenêtre de peur que l'en d'entre nous s'envole
" le jardin est plein de courants d'air "
c'est difficile à écrire mais il me semble que j'ai un peu hâté leur mort ?
Je me suis sentie responsable pour chacun .
mon grand-père, le premier, avait fait une chute dans l'escalier , un soir, où, contrairement à mon habitude, je n'étais pas au bas des marches , pour attendre qu'il ait regagné sa chambre ...il était hémyplégique ..il passait ses journées à somnoler dans un fauteuil, le chat sur les genoux , en face de ma grand-mère qui en faisait autant .
Ma grand-mère , après sa mort, cessa de s'alimenter , elle me parlait de moi , sans plus me reconnaître ...de sa petite fille qui était partie ;ça me donnait parfois envie de pleurer .Elle s'éteignit à la fin de l'été suivant , dans une maison de repos où j'avais persuadé ma mère de la laisser une semaine pour me rejoindre en vacances à la Baule ...je n'avais plus assez d'argent pour payer la note d'hotel !
Ma mère ( maman) a laissé sur un petit carnet quelques mots douloureux , aigris qu'elle ne m'a jamais fait lire, qu'elle m'adressait à la veille d'un de mes anniversaires où j'étais absente , quatre ans avant sa mort .Elle ne m'attendait plus ..elle écrivait qu'elle préfèrait mourir et appelait un sort funèbre pour la délivrer de cette souffrance ...pas de suicide , elle avait une conscience religieuse étrange et intransigeante .
Je ne me sens toujours pas innocentée .
mais je voulais vivre ..."

Le reste de la page n'a pas d'importance ...mais tu aurais pu faire partie de cette famille .
je me sens coupable pour toi aussi .